2ème Dimanche du temps ordinaire Année C

Jn 2, 1-11

Invité aux noces

Par le Père Pierre Abry,

        « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. » S’il a répondu à l’invitation, c’est pour accomplir un premier signe : « Tel fut le premier des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. » Mais ce premier signe ne serait-il que le changement de l’eau en vin ? Ne serait-ce pas aussi un signe premier, primordial, principiel qui est porté à son accomplissement ? Un signe dans le signe ?

        Retournons donc au signe premier, à la genèse de toutes choses. « Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance »… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1,26-27) Ainsi, non seulement la relation nuptiale, conjugale de l’homme et de la femme est image de ce que Dieu est en lui-même, communion des personnes, mais elle est encore image de la relation de Dieu avec l’humanité créée, appelée à la communion avec Lui. C’est bien ainsi que les prophètes lisent l’alliance de Dieu avec son peuple, tel Isaïe dans la première lecture : « Cette terre deviendra ‘L’Épousée’. Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

        Au temps des fiançailles de la première alliance, succède la plénitude des temps, où le Fils de Dieu épouse notre nature humaine. Il en prend la forme et en assume la substance, pour conduire l’homme à partager la nature divine. Au seuil de cette nouveauté absolue, Jean le Baptiste, « ami de l’Époux, qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’Époux. » (Jn 3,29) En Christ, le Père invite tout homme à la communion avec lui, dans les noces de l’Agneau. Mais au fil de l’Évangile, les invités se dérobent : « J’ai acheté un champ et il me faut aller le voir… J’ai acheté cinq paires de bœufs et je pars les essayer ; tiens-moi pour excusé… » Un dernier invoque le mariage lui-même pour se dérober aux noces ! (Lc 14,17-20) Au terme, lorsqu’il épousera même la difformité de notre péché aux noces de la croix, Celui qui avait changé l’eau en un meilleur vin à Cana, sera abreuvé de vinaigre.

        A chaque eucharistie dominicale retentit la béatitude : « Heureux les invités aux noces de l’Agneau ! » Mais tout aussi heureux, ceux qui inviteront l’Agneau dans leurs noces d’ici-bas, plutôt que d’en faire un motif de dérobade. La présence du Christ, de sa mère, l’Église, et des disciples leur donnera la grâce d’un vin meilleur, lorsque les noces prendront l’eau. Ce meilleur vin accueilli, vin de « l’alliance nouvelle et éternelle versé pour nous » donnera    aux conjoints de devenir signe premier de l’amour de Dieu.