Nativité Année C

Jn 1, 1-18

La Porte sainte

Par le Père Pierre Abry,

        En une sainte nuit, dans la naissance d’un enfant, les portes de l’éternité se sont ouvertes sur le temps, le Fils de Dieu a pris chair de notre chair dans le sein de la Vierge. « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! » (Ps 23,7) « Le Verbe de Dieu a habité dans l’homme et s’est fait Fils de l’homme, pour accoutumer l’homme à saisir Dieu et accoutumer Dieu à habiter dans l’homme, selon le bon plaisir du Père. » (Irénée de Lyon) En la personne de Jésus de Nazareth, Dieu vit humainement et l’homme vit divinement.

       « Le Verbe s’est fait chair et il habité parmi nous… Nul n’a jamais vu Dieu, sinon le Fils unique ; dans le sein du Père, c’est Lui qui conduit. » (Jn 1,14.18) Aussi dira-t-il à ses disciples : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira… » (Jn 10,9) « Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14,6) La porte délimite un seuil entre deux espaces séparés, tout en appartenant à l’un et à l’autre, présentant une face à chacun. Elle seule permet le passage, la pâque de l’un vers l’autre. Aussi la tradition antique parle de la Pâque de Nativité, et de la Pâque de Résurrection. Dans la première, en Christ, le Père vient à nous et révèle son visage. « Qui m’a vu a vu le Père » répondra Jésus à Philippe qui demandait à voir (Jn 14,9). Irénée de Lyon commente : « Le visible du Père, c’est le Fils ; et l’invisible du Fils, c’est le Père. » Dans la seconde, le chemin vers le Père nous est ouvert. A Marie Madeleine éplorée devant le tombeau vide, Jésus dira : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20,17)

       Ce 24 décembre, durant la messe de la nuit de la Nativité, le pape François marquera l’entrée dans le jubilé de la 2025ème année de la naissance du Christ, par l’ouverture de la porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Le sens symbolique est aisément accessible. Cette année de grâce nous est offerte comme un seuil, pour passer à une nouvelle manière de vivre notre espace et notre temps, ou les vivre d’une manière renouvelée, en passant par la porte qui est Christ. La porte sainte qui s’ouvre sur la basilique Saint-Pierre est aussi invitation à entrer d’une manière renouvelée dans l’Église, à s’y laisser introduire pleinement. Cependant, un renouveau personnel et ecclésial ne peut advenir sans l’ouverture de la porte sainte de notre cœur, de notre intériorité. Sans l’écoute et le libre consentement à la Parole que le Seigneur a trouvé en Marie, sans une pâque de nativité qui permette au Christ de prendre chair en nous, comment sa Pâque de résurrection pourrait-elle s’accomplir ?

       Sainte Nativité du Christ à tous et en chacun de vous.