Pentecôte – Marie Mère de l’Église Année C

Jn 14, 15-16. 23b-26

Marie, Mère de l’Église

Par le Père Pierre ABRY,

 

La Pentecôte est achèvement du temps pascal, non pas tant qu’elle vienne le clore, mais plutôt l’ouvrir, comme s’ouvre le sein maternel, sur son plein achèvement : l’irradiation de la résurrection sur l’humanité entière par l’annonce de l’Évangile et l’engendrement de l’Église qui donne corps au Christ ressuscité en ce monde. Marie, Mère du Christ, est non seulement la figure, le paradigme de cette œuvre d’engendrement de l’Esprit Saint, mais elle en est comme la matrice, le milieu où cet engendrement se donne et se déploie. Pour cela, depuis 2018, à la demande du pape François, Marie, Mère de l’Église est fêtée le lundi de Pentecôte.

La Parole, le Verbe « est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jn 1,11) Seul dans le sein de la Vierge consentante à l’annonce de l’ange, il a trouvé accueil. L’Esprit saint féconde celle qui est pleine de grâce pour donner chair au fils de Dieu. En Marie, l’accueil de la Parole n’est pas seulement conception, gestation et enfantement, mais aussi accueil du déploiement de cette parole dans l’histoire de salut en réalisation. « Marie conservait avec soin toutes ces paroles, les méditant en son cœur. » (Lc 1,19)

La mère du Christ est aussi mère du disciple. Du haut de la croix, « Jésus, voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui » ou « l’accueillit comme sienne. » (Jn 19, 26-27) Prenant chez lui l’unique en qui le Fils a trouvé un chez soi, le disciple accueille aussi sa maternité. Mère du Christ et du disciple, Marie est aussi mère de l’Église. Dans l’attente de l’Esprit Saint qui fera d’eux les témoins du Ressuscité à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre, les apôtres, « d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus. » (Ac 1,14)

Marie est pour et dans l’Église ce paradigme de l’engendrement. Elle se révélera « Immaculée Conception » à Bernadette de Lourdes. Conçue immaculée, elle est aussi la manière immaculée de concevoir, par l’action de l’Esprit Saint et l’accueil de la Parole. Après Marie, « à tous ceux qui l’ont accueilli, le Verbe a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. » (Jn 1,12) Ils sont non seulement fils de Dieu, frères du Christ, mais aussi sa mère : « Qui est ma mère ? Et mes frères ? Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » (Mc 3,33s) Le temps dit « ordinaire » en devient temps extraordinaire d’engendrement et de croissance de la Mère Église.