15ème Dimanche Ordinaire Année B

Mc 6, 7-13

Des cloches aux sonnettes

Par Pierre ABRY, curé

L’expression « nouvelle évangélisation » est sur toutes les lèvres, mais trop souvent elle ne ressemble qu’à un nouveau label apposé sur les mêmes vieilles recettes. Parfois aussi, il s’agit de nouvelles recettes, souvent high-tech, dans de vieilles mentalités. Marc présente, en ce dimanche, la « première évangélisation », le premier envoi des douze apôtres, normatif pour tous les temps.
Jésus envoie ses douze apôtres, encore totalement novices, deux par deux, dans une pauvreté de moyens déconcertante ! Erreur de stratégie ! N’aurait-on pas gagné en efficacité, en couverture du territoire, en diffusion de l’annonce avec douze messagers plutôt que six binômes ? Aucun business plan dans cette création d’entreprise missionnaire ! L’argument de marketing est des plus rebutants : « proclamer, afin que les auditeurs se convertissent » ! Et cette évangélisation, cette annonce serait normative pour la suite ?
Oui, car le moyen spécifique de l’évangélisation est précisément d’être sans moyens. Le théoricien de la communication McLuhan disait : « Le medium est le message ». En d’autres termes, l’impact du medium prime sur le contenu du message lui-même ; le moyen de communication, l’apôtre, constitue le véritable message. Il n’est pas un messager qui porte quelque chose, mais un témoin.
Les riches moyens de communication modernes permettent une diffusion très large du message. Ils atteignent le monde entier, mais ne touchent personne en particulier. Jamais on n’a autant communiqué, mais aussi peu communié les uns avec les autres ! Même notre tissu social s’est dématérialisé en réseaux sociaux numériques et virtuels.
Jésus, au contraire, envoie ses disciples « toucher » les malades. Pauvres en moyens, ils dépendent de l’accueil concret qui leur sera fait dans les maisons. Peut-être avez-vous déjà été visités, vous aussi, par deux pauvres bougres, tremblants et craintifs, envoyés par le curé, sonnant à votre porte pour vous porter le « shalom », la paix du Christ et témoigner de leur foi en Lui. L’Église peut bien sonner les cloches et attendre qu’on y vienne… Le Christ l’envoie, sans attendre, sonner aux portes ! Les assises paroissiales d’octobre nous aideront aussi à ce passage d’un Corps ecclésial dit mystique et vécu comme virtuel, à une communion réelle.