17ème Dimanche Temps ordinaire Année A

Mt 13, 44-52

Crit’Air de la joie

Par le Père Pierre Abry,

       Les paraboles ne sont pas des fables d’Ésope d’où tirer une leçon de morale, elles sont paraboles du Royaume des Cieux qui révèlent le mystère du Christ, le mystère de l’homme, et celui de leur rencontre. Dans le champ de la création, un trésor est enfoui, l’homme, qui depuis la rupture avec son créateur « se cache parmi les arbres du jardin. » (Gn 3,8) Dieu, à la recherche de cette perle précieuse entre toutes, créée à son image, se dépouille pour l’acquérir de sa condition divine, devenant semblable aux hommes, obéissant jusqu’à la mort de la croix, enseveli en terre comme un trésor. (Ph 2,6ss)

       Ce Christ se laisse trouver par l’homme qui le cherche tel un négociant de perles fines, tout comme par celui qui ne le cherche pas, tel le laboureur journalier des choses de la terre qui tombe par hasard sur le trésor. Mais pour l’un comme pour l’autre, la découverte de la perle précieuse ou du trésor caché ne peut que changer radicalement le cours de l’existence, impliquant toute la personne, dans ce qu’elle est et ce qu’elle a, le tout pour le tout. « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6,21) A l’amour inouï de Dieu, ne peut répondre qu’un amour entier, sans partage.

       Cependant, le filet de la barque de Pierre, l’Église, ramène au rivage du Christ, « rassemble » – terme désignant nos assemblées, comme la synagogue – « toutes sortes de choses. » Dans le filet ecclésial, il y a du bon et du moins bon, parfois même du franchement mauvais… Comme le bon grain et l’ivraie, ils ne seront séparés qu’à la fin des temps. Mais dès à présent, les anges, les « envoyés », les apôtres sont amenés à faire un tri, un discernement. Quel en est le critère ? La joie. « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix… » (Ga 5,22)

       En effet, l’homme qui trouve le trésor est ravi d’une joie indescriptible, une exultation de l’être, si bien que vendre ses avoirs, pour jouir de l’objet de sa joie, ne lui coûte en rien. Il « considère tout comme balayure, afin de gagner le Christ. » (Ph 3,8) A l’opposé, il en est dans le filet ecclésial qui sont consumés intérieurement de la fournaise ardente des passions qui produit murmures, rivalités, « gémissements et grincements de dents ». « A leur fruit vous les discernerez » (Mt 7,16), car « la bouche parle du trop-plein du cœur. » (Mt 12,34)

       L’homme ravi de joie, « devenu disciple du Royaume des Cieux, tire de son trésor du neuf et du vieux ». Plus encore, l’ancien lui-même devient neuf. Devenu un homme nouveau, le disciple relit son passé comme nécessaire préparation à l’irruption de la véritable nouveauté. L’Ancient Testament devient un évangile, à la lumière du Nouveau, de la réalisation surabondante de ce qu’il annonçait en prophétie.