19ème Dimanche Ordinaire Année C

Lc 12, 32-48

Attente active

Par le Père Pierre ABRY,

     « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ! » Par cette image évoquant le peuple hébreu, qui veille durant la nuit pascale, attendant la libération de l’esclavage d’Égypte, le Christ exhorte ses disciples à vivre dans l’attente. Il a célébré ses noces avec l’humanité, prenant chair de notre chair. Nous attendons son retour des noces. « Veillez ! Tenez-vous prêts ! » Maranatha, viens Seigneur !

     Quant aux intendants que le Seigneur a établis sur les gens de sa maison « pour leur donner en temps voulu leur ration de blé », qu’ils soient fidèles et avisés. Tel s’est montré le pape François, exhortant deux millions de jeunes réunis à Cracovie, pointant « la paralysie qui naît lorsqu’on confond le bonheur avec un divan… Peu à peu, sans nous en rendre compte, nous nous endormons, nous nous retrouvons étourdis et abrutis… Nous ne sommes pas venus au monde pour végéter, pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte. Mais quand nous choisissons le confort, en confondant bonheur et consumérisme, alors le prix que nous payons est très, mais très élevé : nous perdons la liberté. »

    Le Seigneur appelle à vivre l’attente, détachant nos cœur de ces biens qui nous possèdent, plus que nous ne les possédons : « Vendez vos biens, et donnez-les en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux. » La bourse ou la vie ! Choisissant la bourse, beaucoup passent à côté de la Vie. Les saints choisissent la Vie, le Christ, laissant leur bourse, car « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »

     Qui n’attend plus est déjà mort en son âme ; vautré dans la vie comme dans un divan, aussi douillet soit-il, la mort le surprendra endormi. Il ne voit plus le Seigneur qui vient à lui dans les événements quotidiens. Une Église qui n’attend plus devient une structure, cléricale dans ses ministres comme dans ses laïcs, où les intendants s’installent et se croient maîtres… toujours tyranniques. Puisse l’évangile et l’appel du pape résonner en nos cœurs toujours jeunes, quel que soit notre âge.

     La fin donne son sens au commencement. La venue du Christ, l’achèvement du temps donne son sens et son poids au temps présent. Il en devient « plénitude des temps », temps rempli de la venue du Christ pour celui qui attend. Sans cette attente, tout est indifférent et rien n’a de sens. Le monde est alors en proie à l’égoïsme effréné et irresponsable, aux collectivismes totalitaires, fanatiques et religieux.