1er Dimanche de l’avent Année A

Mc 24, 37-44

Maranatha ! Viens Seigneur Jésus !

Par le Père Pierre ABRY,

   L’avent ouvre l’année liturgique, nouvelle par la venue toujours nouvelle du Christ en notre temps. Avent, en latin « adventus », « venir auprès de ». Ce temps nous dispose à accueillir la venue du Seigneur, dont « nous ne connaissons ni le jour, ni l’heure ». Il est déjà venu, il reviendra à la fin des temps, mais surtout, il vient en notre temps présent. Aussi, le Nouveau Testament rédigé en grec utilise le terme de « parousie ». Ce composé du verbe être, plus que la venue, évoque la présence : « être auprès de ».

   Pour nous donner à comprendre cette double dimension de notre temps, à la fois tension dans l’attente de la venue du Seigneur et ouverture à sa présence, Jésus nous livre la figure de Noé. A l’époque de Noé on mangeait, on buvait, on se mariait et Noé lui-même a mangé, bu et s’est marié. Cependant, il se distinguait de ses contemporains pervertis, car « il marchait avec Dieu » (Gn 6,9), il vivait de sa présence.

   Dans le déluge qui surprend l‘humanité, une manière d‘être humanité est « effacée » (Gn 6,7) : la forme pervertie qu’elle avait prise depuis Caïn qui a tué Abel. Les déluges sont de tous les temps, lorsque l’homme est submergé par sa propre iniquité. Déluge révolutionnaire, déluge nazi, déluge communiste, déluge islamiste sont autant de conséquences quasi mécaniques d‘une manière d‘être humanité. Noé figure une autre manière d‘être homme : marcher en présence du Seigneur, dans l‘attente de l‘accomplissement de sa promesse. Il est l’homme de la parousie et de l’avent. Passant pour un fou, sur la parole du Seigneur, il construisit l‘arche, figure de l’Église qui traverse les flots de la mort.

   A travers déluges géopolitiques ou personnels, Dieu reconduit l’humanité au second jour de la création, séparant à nouveau les eaux du haut et celles du bas (Gn 1,6). Il nous mène aux eaux du baptême, dans l‘arche de l‘Église, pour nous donner les eaux du haut, celles de l’Esprit Saint. Il nous y constitue comme une humanité nouvelle, une manière nouvelle d’être homme, l’Église. Les disciples y vivent de la présence du Seigneur Jésus et de son attente, apprenant, dans la grâce accueillie, à s’aimer comme le Christ les a aimés. Au sein d’un monde qui se consomme et se consume, avec pour seul idéal de manger, de boire et parfois encore de se marier, dans l’arche ecclésiale, nous voyons déjà le ciel s’unir à la terre, l’éternité faire irruption dans le temps. Dans cette arche, nous vivons l’attente comme une présence, et la présence, dans l’attente d’une réalisation plus pleine encore.