2ème dimanche de Carême – Année B

28/02/2015

Mc 9, 2-10

 

« Du photon à la gloire du Père »

Bientôt reprendra la saison des asperges. Nous verrons les champs du Kochersberg se parer de bâches tantôt noires, tantôt blanches, pour accélérer ou freiner, par le réchauffement de la terre, la croissance des délicieuses pointes. Ni l’agriculteur, ni vous et moi ne sommes des spécialistes de la physique quantique, cependant la nature nous invite, ainsi que l’évangile de la Transfiguration à une « physique cantique ».

      Lorsqu’on voit un objet, l’œil perçoit en réalité la lumière qui n’est ni absorbée, ni transmise, mais renvoyée par cet objet. Un objet noir absorbe toutes les longueurs d’onde de la lumière, la transforme en chaleur et n’en renvoie rien ; c’est pour cela qu’on le voit noir. Un tissu n’est vert que parce que les longueurs d’onde vertes sont réfléchies, les autres étant absorbées. Un corps est blanc parce qu’il reflète toute la lumière incidente.

      Le Christ apparaît transfiguré devant Pierre, Jacques et Jean sur le Mont Tabor. « Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. » (Mc 9, 3) Il est « resplendissement de la gloire du Père, effigie de sa substance » (He 1,3) dans une chair semblable à la nôtre.

      Le Christ reflète parfaitement, totalement la lumière de l’Amour du Père, sans rien en absorber pour lui-même. Il la renvoie en amour du Père à travers une vie filiale et en amour de ses frères pécheurs, jusqu’à donner sa vie pour eux. Il est le Fils Bien-aimé et le frère aîné d’une multitude, en total accueil et donation de lui-même. Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, il est aussi vrai homme né de Marie. En lui, notre nature humaine assumée peut redevenir lumineuse et radieuse de l’Amour du Père.

      Vêtu de lumière dans son origine, image et ressemblance de Dieu, l’homme fils d’Adam est devenu, par sa rupture avec Dieu opaque et sombre. A l’image d’un trou noir, il absorbe pour lui-même tout ce qui passe à proximité. Comme les disciples descendant du Tabor, nous nous demandons « ce que peut bien vouloir dire : ‘ressusciter d’entre les morts’ ». Quoi d’autre sinon être unis au Christ dans sa Pâque, goûter de sa résurrection lumineuse, être revêtus comme des fils prodigues du « premier vêtement » (Lc 15,22), du vêtement lumineux du baptême, pour vivre en fils de Dieu et en frères, rayonnant l’amour Père ?

 

Pierre ABRY, curé