3ème Dimanche de l’avent Année B

Jn 1, 6-8.19-28

Préparer le chemin au Seigneur

Par le Père Pierre ABRY,

   Cinq siècles avant Jésus-Christ, par le prophète Isaïe, une voix mystérieuse appelait le peuple en exil à un nouvel exode, cette fois de Babylone à Jérusalem. « Consolez mon peuple ! Parlez au cœur de Jérusalem ! Une voix crie : Dans le désert, frayez le chemin du Seigneur ; dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu. » (Is 40,1-3) Et Israël franchit une nouvelle fois le Jourdain pour entrer dans sa terre.

   Jean baptisait de l’autre côté du Jourdain, comme si son baptême de conversion visait à faire traverser encore le Jourdain, pour rentrer à nouveau dans la Terre Promise, ou mieux, y entrer d’une manière nouvelle. A ceux qui s’obstinent à l’interroger : « Qui es-tu ? Que dis-tu sur toi-même ? » Jean affirme être « la voix de celui qui crie dans le désert », la voix qui prépare le chemin à la Parole, au Verbe fait chair.

   Par quel chemin le Seigneur vient-il à nous ? Que signifie lui préparer la route ? Il est conçu dans le sein de la Vierge consentante à l’action de l’Esprit ; il grandit dans l’humble famille de Nazareth ; il accomplit enfin le véritable exode, non plus l’entrée dans une terre, mais l’avènement du Royaume de Dieu sur cette terre.

   En chacun de nous le mystère du Christ est appelé à s’accomplir, à prendre chair. Il est conçu en nous lorsque, comme en une annonciation, la prédication apostolique trouve en notre cœur un consentement tout marial, qui permette à la puissance de l’Esprit Saint d’agir. Lorsque la réalité d’une existence filiale devient viable, c’est une nativité en ce monde. Notre croissance vers la maturité de la vie chrétienne au sein de la communauté ecclésiale est à l’image de celle du Christ dans la famille de Nazareth. Mais tout cela n’a d’autre finalité que de manifester le mystère de la Pâque, la vie éternelle qui fait sa demeure en nous. « Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. A ceci nous avons connu l’Amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. » (1Jn 3,14-16)

   Préparer le chemin au Seigneur, c’est retrouver cette virginité du cœur qui espère tout, et donne à l’Esprit la liberté d’y concevoir son dessein d’amour ; c’est accepter de se mettre à « l’école de l’Évangile » dans la famille de Nazareth ecclésiale pour que le Christ puisse y naître, y grandir et se donner au monde.