3ème Dimanche ordinaire Année C

Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

Une année de grâce

Par le Père Pierre ABRY,

    L’Esprit Saint s’était manifesté au baptême de Jésus, descendant sur lui, pour lui donner sa forme corporelle achevée, la forme de la Colombe, de l’Église : Jésus et les disciples qui ont accueilli sa prédication, comme membres de son Corps. « Dans la puissance de l’Esprit Saint », Jésus inaugure l’annonce du Royaume à Nazareth, où il avait été élevé. Le même Esprit qui les a inspirées, lui fait ouvrir les Écritures au passage du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. » Le même Esprit encore lui inspire l’homélie : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture. » Désormais, la parole n’est plus consignée à l’encre sur du parchemin, elle est écrite dans l’histoire de Jésus de Nazareth, dans sa chair qui accomplit la volonté du Père.

    Dans notre « assemblée », sens du mot « synagogue », chaque dimanche comme en ce jour de sabbat à Nazareth, le Seigneur met à l’œuvre la puissance de l’Esprit, pour que s’accomplisse en nous la Parole, qu’elle s’inscrive dans des cœurs de chair. Plus encore en cette année jubilaire de la miséricorde, « l’année de grâce » annoncée par le Seigneur est en accomplissement. La porte nous est grande ouverte pour passer, « dans la puissance de l’Esprit », de la captivité à la délivrance, de l’aveuglement à la vue, de l’oppression à la liberté. En d’autres termes, la porte de la Pâque, du passage, nous est ouverte.

    Que chacun rentre donc en lui-même pour reconnaître ses captivités, mais aussi les liens par lesquels il retient les autres ; ce qui nous opprime, mais aussi le joug de nos exigences qui oppressent les autres ; les cécités qui nous empêchent de voir l’amour de Dieu et celui des frères. Bien souvent nous nous sommes résignés à cet état de fait, à notre vie tel qu’elle est ; il nous faut bien vivre avec, disons-nous… Comme en retour, la foi nous devient difficile, car nous ne voyons pas la Parole opérer de réel changement en nos vies, « s’accomplir à nos oreilles ». Comment sortir de ce cercle d’incrédulité ? En faisant un premier pas vers le seuil de la miséricorde. La grâce nous en est offerte en cette année, mais le pas, personne ne peut le faire pour nous. « Dieu est là, qui opère en vous à la fois le vouloir et l’agir même, au profit de ses bienveillants desseins. » (Ph 2,13)