4ème Dimanche de l’avent Année C

Lc 1, 39-45

Porte de miséricorde

Par le Père Pierre ABRY,

     Le 8 décembre dernier, le pape François ouvrait une année jubilaire de la miséricorde, franchissant la Porte Sainte de la basilique du Vatican, invitant ainsi l’Église entière à franchir un seuil. Ce n’est pas à une démarche de piété religieuse que nous sommes appelés, mais bien à passer un seuil existentiel, le retournement de la conversion. Cette porte de la miséricorde est symbole du Christ lui-même : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi il sera sauvé ; il entrera et sortira. » (Jn 10,9) Cette porte nous est ouverte pour entrer réellement dans quelque chose de nouveau et sortir de nos ornières, comme on entre dans la vie en sortant du sein maternel. C’est bien d’une nouvelle naissance dont il s’agit.
Pour se faire porte de miséricorde, le Christ le premier est « entré et sorti ». « En entrant dans le monde, il dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps… Alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté. » (He 10,5) Il est entré dans le monde, engendré dans le sein de la Vierge « ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ». (Jn 1,12) Il est sorti du sein de la Vierge pour donner corps à la miséricorde du Père. Entrant dans la mort en accomplissant la volonté de son Père, il est sorti glorifié dans sa chair ressuscitée, nous ouvrant le chemin de la communion avec le Père. « Dieu, nul ne l’a jamais vu, sinon le Fils unique. Dans le sein du Père, c’est lui qui conduit. » (Jn 1,18)
L’entrée de Dieu dans notre humanité à la Nativité est aussi difficile à décrire que la manière dont Il en est sorti dans sa Pâque. On conçoit des idées, mais on engendre le corps ! L’expérience chrétienne n’est pas une gnose, mais un engendrement à la Vie en Dieu, dans notre corps. Il n’est pas d’une démarche religieuse faite de sacrifices ou d’offrandes, mais la volonté du Père qui s’accomplit dans notre corps. Le tout est l’œuvre de sa miséricorde. Le terme hébraïque « rahamim » traduit par miséricorde désigne la matrice maternelle. « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Il vous faut naître d’en haut ! » (Jn 3,5.7)
Que la contemplation de l’engendrement du Christ dans notre chair, nous dispose à nous laisser réengendrer à la vie divine dans le mystère de sa Pâque. Nous en deviendrons miséricordieux à notre tour, comme le Père est miséricordieux.