7ème Dimanche de Pâques Année B

Jn 17, 11-19

Ad Verbum

Par le Père Pierre Abry,

        En grammaire, l’adverbe est apposé au verbe (ad-verbum), pour en déterminer ou modifier le sens. En grammaire évangélique, l’adverbe ‘comme’ apposé au Verbe fait chair, modifie radicalement l’être et l’agir quotidiens du disciple. Il les porte au-delà de la mesure humaine.

        Ce ‘comme’ est invariable et constant à travers les évangiles. « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48) « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître. » (Lc 6,40) En Jean, il devient l’adverbe des adverbes, comme il y a un Cantique des cantiques, qualifiant la relation de Jésus avec les siens, son commandement, sa prière, son envoi en mission. « Comme le Père m’a aimé, moi je vous ai aussi aimés. » (15,9) « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » (13,35) « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme j’ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. » (15,10) « Que tous ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous. » (17,11.21) « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (17,18 ; 20,21)

        Mais comment ce ’comme’ pourrait-il advenir ? La similitude avec le Christ qu’il exprime, met avant tout en lumière notre dissemblance et notre incapacité à la dépasser. Tous les efforts du monde à dresser un mulet n’en feraient pas un cheval de course ! Toutes les bonnes volontés réunies ne ressusciteraient pas un mort ! L’adverbe ‘comme’ n’est donc pas une injonction hors de portée, mais le don d’un changement de nature, par participation à la nature divine du Christ qui a assumée la nôtre, le don de son Esprit.

        « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. » Or Christ est la Parole, et il est la Vérité. Aussi dit-il : « Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés en vérité ». Entendons, « je me donne, me consacre, me sacrifie, pour que recevant le même Esprit Saint à la Pentecôte, ils puissent eux aussi se donner totalement dans l’amour. »

         Le don de l’Esprit reconduit au dessein originel de Dieu : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1,26-27) Notons que du dessein initial à l’acte créateur, la ressemblance est manquante. Si en effet le créé est un donné, la ressemblance relève du libre consentement. Adam a choisi la dissemblance. En devenant comme un ‘ad-verbe’, apposés au Verbe dans une relation de ‘comme-union’ avec Lui, liés à Lui par le trait d’union de l’Esprit accueilli, la ressemblance se donnera enfin.