Dimanche de Pâques Année B

Mc 16, 1-7

Homme augmenté ou ressuscité ?

Par le Père Pierre Abry,

        « Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé… de grand matin, le premier jour de la semaine, se rendent au tombeau, le soleil s’étant levé. » Il est achevé en effet, le grand et saint Sabbat, où le Christ est entré dans le repos absolu de la mort, descendu aux enfers, état d’éloignement le plus absolu de Dieu, pour s’être chargé du péché de l’humanité. Il vient de se lever, en effet, le Soleil, « l’Astre d’en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix. » (Lc 1,79), L’ultime prophétie de l’Ancien Testament s’accomplit : « Pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, avec la guérison dans ses rayons. » (Ml 3,20) Le Christ est ressuscité d’entre les morts. Ce premier jour de la semaine en devient le jour premier d’une semaine de création nouvelle.

        L’amour lie à l’être aimé par le lien de la communion, pour de deux, ne faire plus qu’un, sans qu’aucun ne soit effacé ou absorbé par l’autre, mais devienne pleinement lui-même. Le Fils s’est si intimement lié à nous, non seulement par la condition humaine assumée, mais encore par l’amour jusqu’au bout, qui assume de nous le péché. Tout aussi intimement lié au Père, dans le lien de la communion qu’est l’Esprit saint, il est un avec le Dieu Un et Trine, avec la Vie. Cette Vie, la mort d’homme dans la chair, la mort du péché assumée dans l’âme, ne peuvent la retenir captive. L’amour jusqu’au bout est victorieux de la mort. Notre lien de communion avec le Ressuscité, avec le Vivant, dans la foi et l’amour, nous rend participant de cette Vie victorieuse de la mort. L’homme est porté à une dimension nouvelle de l’être, et jusqu’à un état nouveau de la matière. La corporéité devient transparente, parfaite expression de l’Esprit, dans l’amour jusqu’au bout.

        Le vieux monde lui, poursuit son utopie prométhéenne, se faire soi-même semblable à Dieu. Le matérialisme technologique actuel séquence le génome pour mieux le reprogrammer. Les OGM des champs nourriront l’HGM, l’humain génétiquement modifié. L’implant cérébral Neuralink décuplera ses capacités à n’utiliser qu’une Intelligence toute artificielle offerte en prime. Si son cœur ne change pas, la malice de l’homme augmenté n’en sera que multipliée. Augmentation ou résurrection, transhumanisme ou divinisation filiale, enfer ou Royaume des cieux, sont les termes de l’alternative. L’un et l’autre travaillent désormais le cosmos entier pour sa perte ou son salut. Plus que jamais, je crois en la résurrection, je l’espère pour une plénitude corporelle à venir, je vis dès à présent de sa puissance transformante.