Sainte Famille Année B

Lc 2, 22-40

Saint biotope de la famille

Par le Père Pierre ABRY,

        Cette année, le dimanche de la Sainte Famille qui suit Noël, l’évangile de la présentation de Jésus est proclamé. Après les bergers de Bethlehem et les mages d’Orient, les vieillards Syméon et Anne vivent une épiphanie, une ‘manifestation’ du Christ, dans le temple. La prophétie de Malachie s’accomplit : « Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient. » (Ml 3,1)

       La ‘Shekina’, la gloire de Dieu, qu’Ézéchiel avait vu quitter le temple de Jérusalem (Ez 10,18), a pris Marie sous son ombre, et le Seigneur est venu dans son temple, le sein de la Vierge. La famille de Nazareth en devient sanctuaire de sa Gloire, biotope de la sainteté. Le biotope est ce milieu propre ou propice au développement d’une forme de vie. Dieu choisit la Sainte Famille pour assumer notre condition humaine, et nous donne le biotope familial, la sainteté vécue en famille, pour nous initier à sa condition divine. Alors que la techno-science met en œuvre des moyens colossaux pour que l’homme puisse être conçu, naître et grandir hors sol, hors famille, le Créateur a réalisé l’impensable pour pouvoir y naître, en terre de Palestine ! La « biocratie » pseudo-éthique ou sanitaire régnante atomise ce qui reste de relations familiales, pour une vie biologique, ou une survie protozoaire, dans une solitude cellulaire abyssale. La Sainte Famille porte nos regards vers ces anciens qui en on été dépossédés, délocalisés, « placés pour leur bien ».

       Non, la vieillesse n’est pas une maladie. Elle est « une vocation, une grâce et une mission » rappelle le vieux pape François, appuyé sur plus vieux que lui, le pape Benoît, qui ne quitte pas le sanctuaire de la prière. Syméon vit son grand âge habité par l’Esprit Saint, qui l’averti intérieurement et le meut. Sa paix est de tenir en ses bras la promesse faite chair. Anne, prophétesse avancée en âge est habitée du zèle d’une jeune Marie-Madeleine au matin de Pâque. Elle « proclame les louanges de Dieu et parle de l’enfant à tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem. » Combien nos anciens aimeraient tenir leurs petits enfants dans leurs bras, voir en eux la promesse du Christ accomplie, vieillir et mourir dans une épiphanie familiale. Le culte du jeunisme nous a conduit à placer, confiner et même euthanasier notre sagesse, nos anciens. Lorsque la vie naissante est menacée, la vie finissante n’est pas épargnée. A brûler la chandelle par les deux bouts, désormais, nous au milieu, nous consumons aussi, faute de milieu, de biotope de sainteté. L’Enfant et la Sainte Famille rappellent que la Vie, rejetée et persécutée dès ses débuts est victorieuse.